Le machiavélique « Management par
la Peur ».
Dans l’immédiat, par l’ignoble chantage à l’emploi que vous
commencé à instaurer dans les esprits, des salariés apeurés par la
crainte du chômage et des délocalisations, acceptent contraints et
forcés vos exigences honteuses et anachroniques ! Mais qu’en
sera-t-il demain ? Le management par la honte et la frousse, ne
dure jamais bien longtemps !
Alors, que les immenses progrès technologiques réalisés depuis le
début de l’ère industrielle : la Taylorisation, l’Automatisation,
l’Informatisation, auraient dû permettre, de faciliter, de
socialiser et d’humaniser le Travail, vous en avez profité au
contraire, pour accélérer la production, afin d’accroître toujours
plus vos honteux profits. Et aujourd’hui vous voulez aller encore
plus loin. Ne voyez-vous pas qu’en voulant mettre une pression
maximum dans les entreprises, vous risquez tout bonnement de les
faire exploser, comme les premières marmites de Denis Papin, au
début de l’ère industrielle.
Et parce que dans leur ensemble les Français ne veulent pas vous
suivre dans vos délires, vous parlez de « France paresseuse » !
Mais n’avez-vous pas honte ? N’avez-vous pas de glace dans votre
salle de bain ! Non, les Français ne sont pas des paresseux, ils
sont tout simplement intelligents ! Assez intelligents pour
comprendre qu’ils seront toujours les dindons d’une farce que vous
avez concocté à votre avantage.
Nous savons que « l’abus de
travail peut tuer ».
Oui, dans un souci de salubrité publique, il faudrait, comme pour
le tabac, aviser les gens que « l’abus de travail nuit à la
santé ». En effet, s’il fût des temps où le Travail jouait un rôle
fondamental dans la formation et l’évolution des Hommes, où tout
en leur permettant de gagner leur vie, il était aussi leur raison
d’être et parfois même l’accomplissement de toute une existence !
Les individus mettaient alors toutes leurs facultés et leur fierté
dans le travail qu’ils réalisaient et qui en retour les
valorisait, les anoblissait même ! Mais à présent, une telle image
n’existe plus ! Vous avez tout cassé ! vous avez tout sali !
Par votre égoïsme, par votre rapacité sordide, vous avez même tué
le noble concept du Travail et vous en avez saccagé les valeurs
morales. Ne voyez-vous pas que la FRANCE, comme tous les Pays
industrialisés d’ailleurs, sont malades de la ‘compéti-vite’.
Cette nouvelle maladie qui pompe à la fois et le corps et l’esprit
des Personnels de tous niveaux , les Salariés bien sûr, mais aussi
de nombreux Cadres qui sont de plus en plus sujets au stress.
Savez- vous que nous sommes les champions de la consommation de
psychotropes.
Le nom des drogues, Témésta, Prozac et autres antidépresseurs,
sont à présent dans le vocabulaire usuel. Les cabinets des
Psychotérapeutes ne désemplissent pas et ce, par la pression que
vous mettez dans les entreprises. « Merci
patrons ! Merci..»
Et que dire du JAPON, où nombreux sont ceux qui
sacrifient leur vie de famille à leur boulot. Là bas, un nombre
conséquent de Cadres meurent de la ‘compéti-vite’ chaque année :
attaques cérébrales ou cardiaques et même suicides. Chez eux,
cette mort, due à une ‘overdose de travail’ n’est pas très
choquante car elle fait partie de leur culture, elle porte même un
nom, le « Karoshi ». Mais il y a culture et culture et ne vous en
déplaise Messieurs les ‘néo-esclavagistes’, accepter comme un
honneur, de mourir au Travail, ne fait pas partie de la notre !
N’avez-vous pas compris que, grâce aux magnifiques progrès que
nous avons réalisés, le travail n’est plus à présent, qu’un moyen
et non plus un but !
Le Travail,le Travail, le Travail,
ils n’ont que ce mot à la bouche!
Tous les moyens et tous les discours sont bons pour faire
travailler toujours plus les salariés, afin d’empocher toujours
plus de dividendes. Quelle honte et quelle tromperie aussi. Le
plus triste c’est que souvent les médias approuvent et emboîtent
le pas. Un exemple : En France, on n’ose pas, encore, toucher aux
35 heures mais on va assouplir la Loi pour permettre aux salariés
qui le désirent, de travailler plus, pour gagner plus. Alors la
main sur le cœur, le Gouvernement et le MEDEF, ( à moins que ce
soit l’inverse, le MEDEF et le GOUV., mais ce n’est pas grave car
c’est du pareil au même, bonnet blanc et…..), nous disent : « vous
comprenez, il y a des périodes dans la vie où pour faire face à
des dépenses imprévues ou importantes, des salariés ont besoin de
gagner plus, alors il est normal que nous, ‘gentils patrons’, nous
leur donnions la possibilité de travailler plus ! » Que c’est beau
ce grand cœur, et ces bons sentiments ! On croirait entendre Jean
VALJEAN, le héros de Victor HUGO dans les Misérables.
Mais on oublie de dire que ces grands sentiments vont dans le
droit fil des intérêts du patronat. Parce que, lorsqu’un ouvrier
qui fait l’effort de travailler en heures supplémentaires, gagne
supposons : 100, l’entreprise elle en gagne 300 ! Pour elle, plus
il y a d’heures supplémentaires, plus il y a de bénéfices. Et
cerise sur le gâteau, elle n’a pas besoin par cet échappatoire,
d’accroître son effectif en embauchant des chômeurs ! Vous êtes
très fort Baron Seillière, mais quelle hypocrisie !
Recherches, Découvertes et ,…….
Farniente.
Et comme si mettre la pression dans les entreprises ne suffisait
pas, nos cupides rapaces veulent à présent pressurer les cerveaux
pour accroître encore plus leurs profits. Ayant compris que les
innovations sont des facteurs importants de croissance, ils
veulent affoler les neurones des chercheurs afin d’augmenter au
maximum leur potentiel créatif.
STOP
DANGER !
Avec la créativité, nous avons la preuve
formelle, biologique même, qui confirme tout ce qui précède. On se
trompe toujours à vouloir accélérer les rythmes humains, sur les
plans physiques bien sûr, mais aussi et surtout, sur les plans
psychiques. Et cela très souvent ne va pas sans danger ! Nous
venons de le voir avec le Stress et tous ses méfaits, anxiété,
douleurs, insomnies et leurs lourdes suites psychologiques. Il
faut savoir que mettre les facultés cérébrales sous pression,
c’est aller à l’encontre du but recherché. Tout le monde sait que
les grandes découvertes du passé ont été faites, dans ou après des
moments de détente, disons de ‘farniente’ ! Citons par exemple :
ARCHIMEDE et son fameux principe, (tout corps plongé dans un
liquide reçoit….) qu’il trouva alors qu’il se prélassait dans son
bain. NEWTON qui eut l’idée de ses Lois sur la gravitation
universelle en voyant tomber une pomme du pommier sous lequel il
faisait sa sieste. EDISON qui trouva la solution de la lampe
électrique, après une bonne sieste faite dans son laboratoire, etc….
Comme on le voit, la créativité c’est facile ; il faut fortement
penser au problème, l’intérioriser et ensuite se relaxer, se
détendre.
Toutes les écoles le confirment, ce sont toujours dans les moments
de détente et de relaxation que surgit l’inspiration ! Alors, au
lieu de surpresser au maximum les neurones des chercheurs,
pourquoi ne pas les envoyer une semaine par mois en congés, afin
qu’après ces périodes de farniente ils reviennent dans leurs
labos, avec des moissons d’innovations ? Chiche ! ! ! On pourrait
au moins en faire un ‘pilote’.
Et la « création destructrice » de
Schumpeter.
Après la psychologie, revenons à l’économie votre sport favori.
Connaissez-vous au moins la théorie de SHUMPETER, Messieurs les
‘Apprentis-Sorciers’ ? C’est pourtant d’une simplicité et d’une
logique extrême : « Lorsqu’une innovation, un nouveau produit,
une nouvelle technologie apparaît sur le marché, il y a
automatiquement destruction des créations précédentes
correspondantes ».
Exemples : Chez RENAULT, le dernier modèle, la Vel Satis détruit
la gamme des Safranes, qui elle, avait détruit les Renault 25,
voitures pourtant reconnues très bonnes routières et très
confortables. Citons aussi les nouveaux téléphones portables avec
appareil photo incorporés, qui vont irrémédiablement détruire les
téléphones portables classiques. Et l’évolution des K7 des CD et
DVD ? Bien sûr, chaque nouvelle création apporte à chaque fois un
progrès supplémentaire, mais à quel prix ? Il ne faut pas que le
coût de la destruction automatique de l’existant soit plus élevé
que celui d’une innovation, bien souvent superfétatoire
d’ailleurs ! Ce qui est certain c’est que, plus on accélère les
innovations, plus on accélère les destructions ! A vous de
choisir, Messieurs les ‘Profiteurs’ : soit vous mangez votre blé
en herbe dans l’immédiat et c’est la dangereuse ‘fuite en avant’,
avec une ‘recherche sous pression’ ; Soit vous gérez votre
patrimoine créatif en bon Père de famille, en respectant des
rythmes d’innovations à l’échelle humaine, afin d’assurez un
« développement naturel et durable de l’économie ! ».
Rien
ne serait plus sage ! Mais savez-vous ce qu’est la sagesse ?
Raymond
MONEDI
« Cercle P.E.P. »
Aout 2004
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